Avant d’être “copywriter animalier”, Cécilia Nil était une guide conférencière. Aujourd’hui, elle guide les consciences vers une écriture plus juste. Dans cet entretien, elle raconte comment son amour du patrimoine s’est transformé en passion pour le vivant, et pourquoi les mots peuvent – eux aussi – faire évoluer notre regard sur les animaux.
Avant d’être “copywriter animalier”, j’étais guide conférencière. J’ai passé des années à raconter des histoires d’art et de patrimoine, à transmettre l’émotion cachée derrière les œuvres. Aujourd’hui, je raconte d’autres histoires : celles du lien qui unit les humains aux animaux. Et, d’une certaine façon, c’est toujours le même métier – trouver les mots justes pour que le vivant touche, résonne et reste.

Avant d’être “copywriter animalier”, tu es une personne avec une histoire. Qu’est-ce qui t’a amenée à faire ce choix improbable, et qu’est-ce que ça dit de toi aujourd’hui ?
Avant d’être copywriter animalier, j’étais guide conférencière. J’ai toujours aimé raconter des histoires pour convaincre avec passion.
Ca m’a poussée à faire un master “Métiers du Patrimoine”… qui, en réalité, ne m’a pas préparée à ce métier. Mais l’envie de toucher les gens par le récit m’a toujours habitée.
Les animaux ont toujours fait partie de ma vie. J’ai grandi avec des chats et des chiens, et aujourd’hui je vis avec deux chats et j’accueille une petite lapine en famille d’accueil. Leur présence m’inspire et me rappelle chaque jour l’importance de la bienveillance, de la confiance et de l’amour sincère.
J’ai commencé par écrire pour différents secteurs. Mais très vite je me suis nourrie de la passion et de la bienveillance de mes clients dans le domaine animalier.
Écrire sur les animaux, c’est écrire sur ce qui ne juge pas, sur ce qui aime de manière pure et sincère. C’est le sujet le plus inspirant qui soit et celui qui donne du sens à mes textes.
Aujourd’hui, ce choix reflète beaucoup de moi : je cherche à allier cœur et raison, émotion et clarté. Écrire pour les animaux, c’est raconter des histoires qui touchent, qui éduquent et qui rapprochent.
1) Pourquoi avoir choisi d’écrire pour le secteur animalier, plutôt que pour n’importe quelle autre niche plus lucrative ?
J’ai choisi le secteur animalier parce que c’est celui qui me permet d’écrire avec le cœur tout en restant fidèle à mes valeurs. Bien sûr, d’autres niches seraient plus lucratives, mais je ne peux pas mettre mon écriture au service d’un sujet qui ne m’inspire pas ou qui manque de sens.
Les animaux m’inspirent profondément. Leur amour est pur, sincère, sans jugement, et chaque rencontre avec eux raconte quelque chose de vrai. Écrire pour eux, c’est raconter des histoires qui touchent, qui rapprochent, qui éduquent et qui créent du lien. C’est ce qui rend mon travail stimulant et authentique.
Si mes textes ne portent pas un message respectueux et utile, ils ne valent rien. Avec les animaux, chaque mot a un sens, et c’est exactement ce que je veux transmettre.
2) Tu parles d’animaux et de vente dans la même phrase. Comment tu gères la ligne fine entre “valoriser” et “marchandiser” le vivant ?
Pour moi, la ligne entre “valoriser” et “marchandiser” le vivant se joue dans l’intention et le respect. Valoriser, c’est raconter des histoires qui rapprochent les humains et les animaux, qui éveillent l’empathie et encouragent la rencontre.
Marchandiser, c’est réduire un être vivant à un produit, à un objet que l’on peut acheter et vendre.
3) Quelle est la plus grosse erreur de langage que tu vois régulièrement dans le monde animalier (chez les pros, assos, marques) et qui flingue totalement leur crédibilité ?
La plus grosse erreur que je vois, c’est de ne parler que d’eux… même avec de bonnes intentions. On met en avant ses services ou ses réussites, mais on oublie complètement le lecteur ou le pet-parent.
Pour qu’un texte résonne vraiment, il faut se mettre à la place de l’autre.
Un principe simple : 80 % de “vous”, 20 % de “je”. Autrement dit, s’intéresser d’abord aux besoins et émotions de l’autre, puis intégrer subtilement sa propre expertise.
Par exemple, au lieu de dire : “Notre pension offre les meilleurs soins pour vos chiens”, on peut écrire : “Votre chien mérite des soins adaptés et de l’attention. Voici comment nous pouvons l’accompagner pour qu’il se sente bien pendant votre absence.”
Ce petit décalage change tout : le message devient utile et humain, pas promotionnel.
Quand les textes sont centrés sur l’autre plutôt que sur soi, ils inspirent confiance et crédibilité. Parler uniquement de soi, même avec de bonnes intentions, crée une distance et empêche le lecteur de se sentir entendu.
4) Donne-moi un exemple de mot ou expression qui, selon toi, fait plus de mal qu’on ne croit aux animaux (“maître”, “dressage”, “animal de compagnie”…) et un autre qui change radicalement la perception quand on l’utilise.
Un mot qui, selon moi, fait plus de mal qu’on ne croit, c’est “dressage”. Il réduit la relation à une simple obéissance, à un rapport de pouvoir, alors que la relation avec un animal devrait être basée sur la confiance, la compréhension et le respect.
À l’inverse, un mot qui change radicalement la perception, c’est “compagnon”. Ce genre de formulation place l’animal sur le plan du lien et de l’émotion, plutôt que sur celui de la domination ou de la possession. Subtilement, ça change la manière dont on va interagir avec lui et le considérer dans notre vie quotidienne.
5) Le copywriting, c’est aussi un outil de manipulation. Est-ce qu’on peut “trop” influencer quand on parle d’animaux ? Où tu places la limite, toi ?
Le copywriting repose effectivement sur une bonne connaissance des biais cognitifs, ceux qui poussent les gens à agir.
Mais paradoxalement, ça m’a surtout appris l’ouverture d’esprit. Parce qu’au fond, on ne sait jamais quelles histoires, quelles croyances ou quelles peurs amènent une personne à réagir comme elle le fait.
Prenons l’exemple d’un pet-parent qu’on juge négligent.
Au lieu de le condamner, j’essaie de comprendre ce qu’il a vécu et ce qu’on lui a transmis pour en arriver là. Si personne ne lui tend la main en lui disant : “J’entends ton vécu et tes craintes. Mais voilà ce que ressent ton animal…”, alors rien ne change.
Peut-on “trop” influencer quand on défend une cause qui nous tient à cœur ? Je ne le crois pas.
En revanche, j’ai une limite claire : je refuse d’écrire pour des produits ou services auxquels je ne crois pas.
D’ailleurs, même si je le voulais, je n’y arriverais pas. Mon écriture vient autant du cœur que de la tête : si les deux ne sont pas alignés, mes textes sonnent creux.
6) Est-ce qu’il y a des mots ou des tournures qui, pour toi, montrent instantanément si quelqu’un considère l’animal comme un objet ou comme un membre de la famille ?
Oui absolument ! Les mots que l’on choisit trahissent toujours qui l’on est.
“C’est qu’un chien” (ou pire encore cleps, clébard) est assez révélateur de la place du chien dans la famille. Il n’est pas un être à part entière mais “qu’un animal”. On voit tout de suite que la personne considère son compagnon comme moins important que les humains.
À l’inverse, j’ai remarqué que les pet-parents qui utilisent des surnoms pour leurs animaux ont souvent un amour profond pour eux. Ces petits mots doux – mon doudou, ma fifille, ma louloute – traduisent un attachement sincère, une tendresse qui dépasse la simple “possession”.
Ce ne sont pas que des habitudes de langage : c’est une fenêtre sur la relation. Entre “il m’appartient” et “il fait partie de ma famille”, il y a tout un monde. Et ce monde dit déjà comment on va le nourrir, le soigner, le respecter… ou non.
7) Dans ton métier, qu’est-ce que tu refuses catégoriquement d’écrire, même si le client paie bien ?
Il m’est impossible d’écrire pour des animaleries qui vendent des animaux en ligne. Certes, il serait facile d’inciter les gens à craquer devant de magnifiques petites bouilles… mais je crois aux rencontres authentiques.
Ma plus belle relation avec un animal ?
Un lapereau que j’ai trouvé terrorisé sous une voiture à Chambéry. Après quelques minutes à le rassurer, il s’est blotti dans mes bras, et nous ne nous sommes plus quittés. Cette relation était précieuse parce que nous nous sommes trouvés, pas parce qu’il était “mignon” sur un catalogue.
Écrire pour ce type de site me donnerait le sentiment de réduire nos compagnons à de simples produits de consommation. Ce n’est pas quelque chose que je peux accepter.
8) Si, demain, le vocabulaire changeait massivement (par exemple : plus personne ne dit “propriétaire” mais “gardien”), quel impact concret ça aurait sur la société et sur les animaux, selon toi ?
Ça dépend beaucoup du pourquoi de cette évolution. Si le terme “gardien” était imposé par des institutions ou des “bien-pensants”, ce ne serait rien de plus qu’un “maître” déguisé pour donner bonne conscience, et cela ne changerait rien dans la réalité de la relation avec l’animal.
En revanche, si ce changement de vocabulaire naissait d’une véritable considération pour le bien-être animal, l’impact serait concret et profond.
Appeler quelqu’un “gardien” plutôt que “propriétaire” invite à la responsabilité, à l’écoute et au respect. Cela transformerait la façon dont les animaux sont perçus dans la société : non plus comme des objets à posséder, mais comme des êtres sensibles dont nous partageons la vie.
Une telle évolution pourrait inspirer des pratiques plus éthiques, des interactions plus empathiques et, au final, une société réellement plus harmonieuse avec ses compagnons à quatre pattes.
9) À un éducateur ou à un toiletteur qui penserait que “les mots, ça ne change rien”, qu’est-ce que tu réponds ?
Je leur dirais que ce n’est pas une question de mots “magiques”, mais de clarté et de connexion.
Un professionnel des animaux connaît son métier sur le bout des doigts. Mais transmettre cette expertise de manière à ce que le public comprenne, ressente et agisse, c’est un autre métier.
Faire appel à un copywriter, c’est s’assurer que ses idées, sa passion et son savoir soient racontés de manière claire et engageante. Cela se fait toujours dans le respect de l’authenticité.
Ce n’est pas manipuler, c’est faire entendre ce qui compte vraiment, aux bonnes personnes et avec le ton juste.
10) Si tu avais un seul mot à bannir de tout le secteur animalier, ce serait lequel ? Et un seul à imposer, ce serait lequel ?
Si je devais choisir un mot à bannir, ce serait “propriétaire”. Il réduit l’animal à un objet que l’on possède plutôt qu’à un être vivant avec qui l’on partage sa vie.
Quant au mot à “imposer”… honnêtement, imposer ne fonctionne jamais. Mais convaincre, ça, c’est mon métier.
Je choisirais plutôt “pet-parent” : il reflète la relation que l’on construit avec nos animaux, comme un clan, une famille. Une relation basée sur le respect, la confiance et le partage.
Utilisé avec sincérité, ce terme change la perception et invite à des comportements plus attentifs et bienveillants
Conclusion
Les mots ne sont jamais neutres. Ils traduisent la manière dont nous voyons le monde — et ceux qui le partagent avec nous. En choisissant de parler autrement des animaux, Cécilia choisit aussi de les regarder autrement : non plus comme des “objets de discours”, mais comme des présences vivantes qui nous enseignent l’humilité. Parce qu’au fond, chaque mot juste est déjà un geste. Et c’est peut-être en apprenant à mieux dire que nous apprendrons, un jour, à mieux vivre avec eux.
La rédaction vous recommande :
- Queen, la chienne qui ne savait plus rien faire seule : ce que son histoire révèle sur certains élevages
- Comment les chats ont conquis l’Europe : ce que l’Histoire révèle enfin
- Ces trois pays où l’on clone déjà nos compagnons — et où l’amour devient un business du vivant
C’est en partageant qu’on fait bouger les lignes. Partagez ça sur vos réseaux
Nos lecteurs n’en sont pas restés là. Ils ont craqué pour ces autres sujets
Votre chien a du mal à se lever le matin, après une sieste ou lorsqu’il se repose trop longtemps ? Ce comportement, souvent banalisé au début, peut pourtant révéler une douleur articulaire, une fatigue musculaire ou encore un problème de santé plus sérieux. Avec l’âge ou après un effort intense, certains chiens manifestent des raideurs…
Continue Reading Pourquoi mon chien a du mal à se lever et comment l’aider à aller mieux
Chaque 31 octobre, les maisons se parent de citrouilles, les enfants se déguisent, et les réseaux sociaux s’illuminent de photos de chiens transformés en citrouilles vivantes, vampires ou petits diables. Pour les humains, c’est drôle, attendrissant, “instagrammable”. Mais pour les chiens, Halloween peut vite devenir un moment d’inconfort, de stress, voire de détresse. Sous le…
Votre chat fait pipi sur le lit et vous ne savez plus quoi faire ? Rassurez-vous, ce comportement est plus fréquent qu’on ne le pense, et il n’a rien à voir avec une vengeance ou de la malpropreté. Lorsqu’un chat urine en dehors de sa litière, il exprime souvent un malaise physique, émotionnel ou environnemental.…
Continue Reading Mon chat fait pipi sur le lit — Comprendre et résoudre ce comportement
À Montpellier, ce 28 octobre, la clinique vétérinaire CHV Languedocia a organisé la Journée mondiale du don du sang animal. Une initiative encore peu connue, mais cruciale : comme chez les humains, ces prélèvements permettent de sauver la vie de chiens et de chats victimes d’accidents, d’anémies sévères ou de chirurgies d’urgence. Pourtant, derrière ce…
Comment corriger un chien têtu quand il n’en fait qu’à sa tête, refuse d’obéir malgré vos efforts, et que vous ne savez plus comment réagir ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul. De nombreux maîtres se heurtent à ce comportement têtu sans comprendre réellement d’où il vient. Pourtant, un chien têtu n’est pas un “mauvais” chien…
Dans le Tarn, un petit chat a trouvé un foyer… pour le moins insolite. Baptisé Alpha, ce chaton abandonné a été recueilli début octobre 2025 par les policiers du commissariat de Mazamet. Depuis, il n’a pas seulement conquis le cœur des agents : il a aussi pris un rôle inattendu au sein de la brigade.Selon…










