On condamne l’inhumanité quand elle frappe nos semblables. Mais quand elle touche ceux qui ne parlent pas notre langue ? En France, des milliers d’animaux vivent la douleur dans un silence que personne n’entend. Pourtant, leur souffrance est réelle, mesurable, et souvent ignorée. L’affaire atroce survenue dans le Calvados nous le rappelle : la violence ne se limite jamais à ceux qu’on entend crier.
Quand l’horreur frappe une famille, tout le monde s’indigne. Quand elle frappe un animal, qui s’en soucie vraiment ?
L’affaire de torture familiale aux Moutiers-en-Cinglais, relayée notamment par ladepeche, glace le sang. Ligotées, lacérées, mutilées au sécateur, les victimes, parmi lesquelles un enfant de 4 ans, ont survécu à un calvaire d’une violence absolue. Les auteurs, selon l’enquête, suivaient les consignes d’un « donneur d’ordre » sur Snapchat. Mais si l’on hurle à juste titre face à ces actes, pourquoi ne montre-t-on pas la même révolte lorsque des animaux sont frappés, négligés, enfermés ? La douleur d’un être vivant ne devrait pas être hiérarchisée selon l’espèce.
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La douleur animale existe, elle est mesurable, mais encore trop souvent banalisée
Lorsqu’un chien gémit, tremble ou fuit, on entend parfois : « il en fait trop ». Lorsqu’un chat reste prostré, on parle de caprice. Pourtant ces signaux sont bien réels, et la douleur animale est une réalité confirmée en France. Une expertise scientifique collective de l’INRAE, restituée en août 2021, s’appuie sur les travaux antérieurs réalisés à la demande des ministères français pour établir que la douleur chez les chiens et les chats va au-delà de la simple réaction physique : elle inclut une composante émotionnelle, consciente et observable à travers des modifications comportementales et physiologiques posture, retrait social, respiration altérée. Ce rapport propose des critères concrets pour évaluer la souffrance animale en tenant compte du contexte individuel de chaque animal. Ignorer leur langage corporel, c’est entretenir leur isolement silencieux.
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Violence directe ou négligence quotidienne : la douleur a de multiples visages
Les refuges accueillent chaque année des animaux blessés physiquement ou psychiquement. Chaque année, la Fondation 30 Millions d’Amis recense plusieurs milliers de signalements de maltraitance, illustrant l’ampleur d’une violence parfois invisible mais bien réelle. Aux coups visibles s’ajoutent les douleurs invisibles : solitude chronique, absence de soins, anxiété sévère. Un chien privé de contact humain, un chat souffrant d’arthrose non traitée… chaque négligence laisse une trace. L’Académie vétérinaire de France rappelle dans ses publications que les troubles du comportement liés à la douleur sont largement sous-diagnostiqués. Et trop souvent, ces souffrances sont jugées tolérables parce qu’elles ne dérangent pas l’humain.
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Pourquoi notre société accepte-t-elle l’intolérable ?
Depuis 2015, le Code civil français reconnaît l’animal comme un « être vivant doué de sensibilité », mais dans les faits, cette avancée reste symbolique. Très peu de maîtres savent détecter la douleur chez leur animal. Beaucoup s’imaginent qu’un chien passe à autre chose, qu’un chat s’adapte. Pourtant, une thèse vétérinaire française, soutenue par Alexandra Michel à VetAgro Sup (Lyon) en 2016, a documenté des cas de stress post-traumatique chez le chien militaire. L’étude, menée sur plus de cent chiens engagés en opération, identifie plusieurs cas présentant des symptômes durables : hypervigilance, repli social, hypersensibilité au bruit, troubles du sommeil. Ces signes s’apparentent à ceux décrits chez l’humain, et montrent que le traumatisme animal laisse des séquelles comportementales profondes. Le sociologue français Laurent Bègue-Shankland a également mis en lumière le lien entre banalisation de la souffrance animale et fragilités éthiques collectives. La douleur existe, même si elle ne se voit pas.
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Voir la douleur, c’est commencer à la soigner
Reconnaître la souffrance animale commence par un changement de regard. C’est comprendre que les bêtises, les fuites, les miaulements répétés ne sont pas de simples nuisances, mais souvent des manifestations de mal-être. Des outils existent : grilles d’évaluation, traitements comportementaux, approches vétérinaires modernes. En France, la Fondation Droit Animal, Éthique et Sciences (LFDA) ou les initiatives liées au concept One Welfare travaillent à mieux intégrer le bien-être animal dans les politiques de santé publique. Mais tant que cette douleur restera un sujet secondaire, elle continuera d’être ignorée et les victimes, abandonnées.
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Rex & Minou : une leçon douce-amère sur l’abandon émotionnel
Dans l’épisode #11 de Rex & Minou, la série animée de Planipets Media, Rex raconte l’abandon d’un chien devenu trop collant pour ses maîtres. Minou, ironique, lâche : « Il a osé respirer dans leur maison ? ». Le dialogue dévoile l’incompréhension humaine face à l’attachement canin. Il rappelle que les animaux aussi souffrent du rejet, même s’ils ne le disent pas. En montrant ces réalités sans pathos, la série contribue à sensibiliser petits et grands à ce qu’on refuse souvent de voir.
Article rédigé par Loréna Achemoukh pour Planipets Média
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