Une histoire envoyée par Mathilde et Nala, de Gleizé
Je ne l’ai jamais dit à personne mais c’est là, tous les jours. Depuis quelques semaines, ma chienne me fatigue. Je la regarde et elle m’ôte l’envie. Sa présence m’agace tandis que son regard me pèse. Elle tourne autour de moi comme si de rien n’était, et moi je n’ai qu’une envie : qu’elle me laisse tranquille. Ce n’est pas qu’elle ait changé. C’est moi. Et je n’ai plus l’énergie de faire semblant. La grossesse y joue peut-être pour beaucoup !
Avant, elle était partout. Elle m’accompagnait dans chaque pièce, attendait au pied de la douche, s’installait à mes côtés dès que je m’asseyais. C’était fusionnel. Je disais souvent qu’elle comprenait tout. Aujourd’hui,
- je me surprends à la fuir.
- À écourter les contacts
- À couper court aux interactions.
Même sa manière de poser la tête sur mes genoux, avant, je trouvais ça attendrissant. Maintenant, je la repousse presque sans m’en rendre compte.
Les premières fois, j’ai cru que c’était la fatigue. Mais la fatigue ne rend pas agressive. Elle ne fait pas froncer les sourcils à chaque pas du chien dans la pièce. La fatigue ne donne pas envie de fermer la porte à clé pour avoir un peu de vide autour de soi. Il y a eu ce moment où elle a voulu monter sur le lit. J’ai haussé la voix. Je ne l’avais jamais fait. Elle s’est figée puis elle est repartie dans le couloir.
Depuis, elle ne revient plus. Mes sentiments sont mitigés !
Personne ne m’a prise au sérieux. “C’est normal, elle sent que tu es enceinte.” “Elle veut te protéger.” Ce genre de phrases m’irrite autant qu’elles me blessent. Ce n’est pas de la protection que je ressens. C’est du vide. Elle a déserté la chambre. Elle n’ose plus me regarder longtemps. Elle évite les contacts. Et moi je ne fais rien pour réparer ça
- parce que je n’ai pas la place
- parce que je suis déjà au bord
- parce que je fais des arbitrages
Et dans ces arbitrages-là, elle ne passe plus. Je m’en veux terriblement
La culpabilité, elle est là, bien sûr. Parce que Nala (ma chienne) n’a rien demandé. Elle a toujours été loyale. Et aujourd’hui, je crois qu’elle ne comprend pas pourquoi elle est devenue une variable d’ajustement.
Elle s’adapte, comme toujours. Elle ne m’oppose rien à part un silence de plus en plus grand. Et moi je le remplis avec d’autres choses à faire, à penser, à organiser. Je me dis que c’est temporaire. Mais j’en viens à espérer qu’elle ne demande rien, pour ne pas avoir à gérer plus.
Un soir, je me suis allongée par terre alors que je n’en pouvais plus. Je n’ai pas bougé. Elle est venue au bout de quelques minutes. Elle s’est couchée contre moi, sans bruit. Et j’ai compris qu’elle était toujours là. Qu’elle attendait simplement que ça passe. C’est beau et c’est difficile à la fois.
Depuis ce soir-là, je n’ai pas cherché à recoller ce qui s’est défait. Je n’ai pas l’énergie pour faire semblant, ni la place pour remettre ça au centre. Elle vient parfois, me regarde, repart. Moi je la laisse faire. Je ne la rejette plus, mais je ne vais pas vers elle non plus. On vit dans le même espace, sans conflit, sans tendresse non plus.
Le lien s’est épuisé à force de ne plus être nourri. Et aujourd’hui, j’ai trop de choses à gérer pour le porter à bout de bras. Par contre non, ce n’est pas un manque d’amour., c’est plutôt que je dois faire des choix et arbitrer des priorités. Et elle n’en fait plus vraiment partie.
Il serait odieux de dire qu’elle ne compte pas car elle compte. C’est juste que là, je suis à bout !
Je ne sais pas si notre lien reviendra. Peut-être que oui. Peut-être qu’un jour, quand ce chaos sera passé, je sentirai à nouveau quelque chose qui me donnera envie d’aller vers elle. Je garde cette idée quelque part, discrètement. Ce serait bien que ça revienne. Mais pas à n’importe quel prix. Juste si ça peut redevenir simple.
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Le mot de Planipets — Ce que les chiens perçoivent réellement pendant une grossesse
Les chiens ne comprennent pas le concept de grossesse, mais ils perçoivent des changements biologiques et comportementaux très concrets.
Leurs récepteurs olfactifs détectent les modifications hormonales dès les premières semaines. Leur audition leur permet d’identifier des variations de ton, de rythme, de respiration.
Et surtout, ils réagissent à ce que les humains ne verbalisent pas : stress, tension musculaire, fatigue non exprimée, décalage dans les routines.
Un chien qui devient distant, silencieux ou collant n’est pas en train de “prédire l’arrivée du bébé”. Il ajuste simplement sa place dans une dynamique qu’il ne comprend pas mais qu’il ressent avec précision.
Chez certaines femmes, comme Mathilde, cette période révèle un trop-plein. Et l’animal, en miroir, s’efface parce qu’il capte que sa présence devient une contrainte. Il n’en ressent pas forcément de la rancune. Comprendre cela, c’est déjà alléger la culpabilité et poser une base pour reconstruire, plus tard, si le lien le permet.
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