Sur TikTok, ils ne vivent plus seuls… ils vivent avec un chat, un lapin, un chien
Sur les réseaux sociaux, ils sont des centaines à partager leur quotidien : des étudiants, souvent en studio, qui montrent leur vie avec un animal de compagnie. Un chat qui ronronne pendant un cours à distance. Un lapin qui fait sa sieste sur des polycopiés. Un petit chien qui attend devant la fac.
Ce phénomène, qui pourrait sembler marginal, est en fait massif. L’exemple d’Emma, étudiante qui raconte son histoire sur TikTok, est révélateur : elle explique qu’elle a adopté son chat depuis bientôt deux ans et qu’elle n’a “aucun regret”. Sa vidéo, dans laquelle elle donne des conseils à ceux qui voudraient adopter un animal pendant leurs études, a été vue plus de 24 000 fois. Et ce n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres.
Dans un monde où tout va vite, le fait de s’arrêter pour caresser son chat devient un acte presque politique. Une pause. Une respiration. Un besoin vital, souvent sous-estimé.
@stardust.andstories_ ces conseils s’appliquent à tout le monde en fait🫶 est-ce que vous avez des chats?? n’hesitez pas a partager vos experiences en commentaires<3🐱#etudiant #student #studentlife #appartetudiant #chat #adoption ♬ son original – emma 🎧☕️📖
Quand l’animal devient plus efficace qu’un psy ou qu’un café ?
Ce n’est pas qu’un effet de mode mais plutôt un besoin. Car les chiffres, eux, ne mentent pas. Une enquête de l’université de Caen révèle qu’un étudiant sur deux est en détresse psychologique.
Les causes sont multiples : l’éloignement familial, les difficultés économiques, la solitude, l’anxiété liée aux études. Dans ce contexte, les animaux sont perçus comme une présence constante, réconfortante et silencieuse. Un chat ne juge pas. Un lapin ne questionne pas. Un chien, lui, attend simplement qu’on rentre.
Selon Audrey Jougla, écrivaine, philosophe et spécialiste du lien entre humains et animaux :
« Les animaux représentent un réconfort, une présence permanente. Ils ne se vexent pas, ne jugent pas, ne parlent pas et sont toujours preneurs de caresses. Un peu comme les peluches que l’on avait enfants. »
Cette phrase dit beaucoup. L’animal ne parle pas… mais il apaise. Il répare parfois ce que les mots n’arrivent plus à exprimer. C’est un ancrage dans un monde instable.
Sérotonine, dopamine et chaleur dans 20 m²
D’un point de vue scientifique, la présence animale agit sur le cerveau. Elle stimule la sérotonine et la dopamine, deux neurotransmetteurs essentiels à la régulation de l’humeur. Ces substances, naturellement libérées quand on interagit avec un animal, permettent de réduire l’anxiété, de calmer le rythme cardiaque et de renforcer l’estime de soi.
Dans un environnement étudiant souvent stressant, cette simple présence peut remplacer temporairement une application de méditation, une séance de sport ou une conversation compliquée. Un regard, une caresse, un ronronnement : cela suffit parfois à tenir debout.
Mais là encore, Audrey Jougla met en garde contre une illusion fréquente :
« Un animal n’est pas là pour absorber tous nos états d’âme. Il n’est pas une solution miracle, ni une éponge à émotions. »
Autrement dit, le lien est précieux, mais il doit rester équilibré.
L’animal, un pansement émotionnel… ou une vraie responsabilité ?
C’est la limite du phénomène. Car si les animaux sont vécus comme un soutien émotionnel par de nombreux étudiants, ils ne peuvent pas être traités comme des solutions ponctuelles à des problèmes profonds.
Un animal, c’est aussi un engagement. Un coût moyen de 1 200 euros par an, selon les données les plus récentes. Cela comprend la nourriture, les soins vétérinaires, les traitements antiparasitaires, la vaccination, mais aussi les imprévus (accidents, maladies, déménagements).
Et il y a le temps. Il faut penser aux promenades, à la propreté, aux absences, aux examens, aux vacances, aux stages. Un week-end à 400 kilomètres ? Une semaine d’oraux dans une autre ville ? Il faut organiser une garde, prévoir des frais supplémentaires. L’animal ne disparaît pas quand on est débordé.
Adopter dans ce contexte n’est pas anodin. Et de nombreuses associations alertent sur les risques de décisions impulsives, prises sur un coup de tête, parfois motivées par la détresse ou le besoin de combler un vide affectif.
Un lien fort… mais un lien fragile si on l’ignore
Ce qui rend ce sujet si complexe, c’est justement son apparente simplicité. On voit un étudiant avec un chien sur les genoux et on se dit : il n’est pas seul. Mais la question est plus fine : est-il prêt à assumer ce lien ? A-t-il les ressources ? Est-ce un lien solide ou un refuge temporaire ?
Là encore, Audrey Jougla insiste :
« Un animal n’est pas un accessoire. Ce n’est pas un décor pour une vidéo. C’est un être vivant, avec ses besoins, ses peurs, ses attentes. »
Il faut donc sortir de cette idée romantique d’un animal “sauveur”. Oui, il peut être une source de stabilité, de réconfort, de mieux-être. Mais il peut aussi souffrir d’un abandon émotionnel, d’un manque d’attention, d’un environnement inadapté. Ce qu’on oublie souvent, c’est que les animaux ressentent aussi la solitude.
Pourquoi ne pas encadrer ce besoin au lieu de le nier ?
Plutôt que de juger ou d’interdire, ne pourrait-on accompagner ce lien entre les jeunes et les animaux ? Ne pourrait-on le reconnaître comme une réalité sociale, émotionnelle et éducative ?
Dans certains pays, c’est déjà le cas. Des universités canadiennes ou allemandes ont mis en place :
- des séances de médiation animale pendant les partiels
- des partenariats avec des refuges locaux
- des zones “animal-friendly” sur les campus
- des aides vétérinaires pour étudiants précaires
En France, rien de tout cela n’est réellement structuré à grande échelle. Et pourtant, les besoins sont là. Les demandes aussi.
Pourquoi ne pas imaginer :
- des résidences étudiantes adaptées aux animaux de compagnie
- des formations obligatoires avant adoption en milieu étudiant
- des soutiens financiers ponctuels pour soins vétérinaires
- des campagnes de sensibilisation portées par les universités elles-mêmes
Cela permettrait d’éviter les erreurs, les abandons, les tensions. Et cela valoriserait le lien humain-animal comme une force, non comme un caprice.
Un miroir silencieux de notre époque étudiante
Le succès des animaux chez les étudiants n’est pas un détail. Il est le reflet d’un déséquilibre générationnel. D’un monde où l’on apprend à coder, à pitcher, à réussir… mais si rarement à prendre soin, à ralentir, à créer du lien durable.
Quand un étudiant adopte un animal, ce n’est pas pour faire “comme tout le monde”. C’est souvent parce qu’il a besoin d’un repère stable dans une vie qui ne l’est pas.
Et si nous voulons vraiment parler de bien-être étudiant, il faudra, à un moment donné, entendre ce que ce geste raconte.
Un animal de compagnie n’est pas une solution miracle. Mais il est parfois la seule chose qui tienne chaud à 2 h du matin, quand plus rien ne va.
Article rédigé par Loréna Achemoukh pour Planipets Média
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