Donner son sang n’est plus réservé aux humains. À Strasbourg, la clinique Agoravet inaugure une banque de sang unique en son genre pour animaux. Chiens et chats deviennent donneurs pour faire face aux urgences vétérinaires. Une avancée médicale qui pourrait changer la donne dans les soins animaliers en France.
Une banque de sang animale inédite pour une région tout entière
La clinique Agoravet, située près d’IKEA à Strasbourg, vient de marquer un tournant dans la médecine vétérinaire. C’est la première banque de sang pour chiens et chats de tout le Grand Est. L’objectif est clair : anticiper les situations d’urgence et garantir une disponibilité immédiate de produits sanguins.
Les collectes ont lieu une fois par mois, en alternance entre chiens et chats. « On prélevait déjà du sang auparavant, mais trouver un donneur en urgence, c’était parfois une course contre la montre », explique la docteure Roxane Lebel, responsable de la banque.
L’investissement dans du matériel comme une centrifugeuse permet maintenant de séparer plasma et culot sanguin, améliorant la qualité et la rapidité des soins.
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Un seul chien donneur peut sauver jusqu’à 5 vies animales
Lors d’un don, un chien comme Tobby, croisement beauceron de 60 kg, peut fournir un litre de sang. Cela permet d’obtenir deux poches de culot sanguin, deux de plasma et une de sang total. À lui seul, il peut ainsi sauver jusqu’à cinq animaux différents.
Le prélèvement s’effectue dans la jugulaire, sous sédation légère pour limiter le stress. Les règles sont strictes : le chien doit avoir entre 1 et 8 ans, peser plus de 25 kg, être vacciné, déparasité, sans antécédents chirurgicaux récents ni maladies.
Et pour les chats ? Les collectes sont aussi ouvertes aux félins. Même si les volumes prélevés sont plus faibles, le besoin est tout aussi réel. Prochaine collecte féline : le 13 août, juste après celle des chiens le 6 août.
Un besoin médical en forte hausse chez les animaux domestiques
Selon France Bleu, cette initiative répond à une demande croissante en transfusions d’urgence. Chirurgies hémorragiques, traumatismes, pathologies graves… les cas n’ont cessé d’augmenter ces dernières années.
En l’absence de banque de sang, les vétérinaires s’appuyaient sur des dons ponctuels ou des accords avec des refuges comme la SPA. Un modèle fragile, inadapté à l’urgence de certaines situations.
La création de cette banque permet donc à la fois d’améliorer la qualité des soins et de réduire drastiquement les délais de prise en charge. Un levier d’efficacité déjà observé aux États-Unis, où les banques de sang animales sont fonctionnelles depuis les années 1980.
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Une logistique réglée comme du papier à musique
Une fois prélevé, le sang est centrifugé puis réfrigéré pour une conservation d’environ un mois. Le plasma, lui, est congelé et peut être stocké jusqu’à un an. La chaîne de conservation respecte les mêmes standards que ceux appliqués pour les humains.
Côté récompense ? Chaque chien donneur repart avec un sac de croquettes Purina ProPlan. Un petit geste, mais un bel encouragement pour les propriétaires.
La sécurité est maximale, tant pour l’animal que pour le personnel. Comme pour les humains, le groupe sanguin est vérifié : DEA positif ou négatif, équivalent de nos O+ et O-, afin d’éviter tout risque de rejet ou de réaction transfusionnelle.
Une initiative locale qui pourrait inspirer toute la France
Historiquement, la France est en retard sur la médecine transfusionnelle animale. D’après l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC), peu de cliniques vétérinaires en France sont actuellement équipées de banques de sang animales organisées.
Strasbourg montre ici l’exemple d’un modèle reproductible, peu coûteux à l’échelle d’une région, mais au fort impact sur la qualité de soin animalier. Une méthode qui pourrait même être intégrée dans les politiques publiques locales de bien-être animal.
Alors que le nombre de chiens et chats domestiques en France a dépassé les 22 millions en 2023 selon le Facco/Kantar , cette initiative pourrait sauver des milliers de vies chaque année.
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Donner, c’est aussi un acte d’amour animal
Pour Imy, la propriétaire de Tobby, donner le sang de son chien, c’est comme faire un geste citoyen. « C’est un amour de chien. Un grand chien qui peut aider d’autres chiens, c’est toujours bien qu’il puisse donner du sang facilement », confie-t-elle.
Cette action, encore méconnue, pourrait bien se démocratiser si les maîtres étaient mieux informés. Il ne s’agit pas seulement de récompenser les animaux, mais bien de créer une culture du don chez les propriétaires.
En somme, Strasbourg démarre une révolution silencieuse mais puissante dans la santé animale. Le succès de cette banque pourrait ouvrir la voie à d’autres villes, si chacun joue le jeu du don. Une solidarité animale à la fois éthique, efficace et nécessaire.
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