Chaque été, des milliers d’animaux sont laissés sur le bord du chemin. Derrière les chiffres, il y a des absences de solutions concrètes. Et quelques personnes qui tentent de changer ça. Rencontre avec l’une d’elles.
Aujourd’hui, on vous propose de découvrir l’interview exclusive de Salim, fondateur de Pabete, une plateforme solidaire qui réinvente la garde animale.
Un échange franc, sans langue de bois, pour mieux comprendre les coulisses de ce combat essentiel pour nos compagnons à quatre pattes.
Si tu devais présenter Pabete à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de toi, mais qui adore les animaux, tu lui dirais quoi ?
Salim : Tout d’abord, je suis ravi de cet échange Nasser. Pour répondre à ta question, je lui dirai que Pabete est la première plateforme solidaire de garde de tous les animaux de compagnie. Je souhaitais vraiment créer une vraie entraide entre amoureux des bêtes et ce, dans le but de rendre les services de garde accessibles à tout le monde tout en réservant un environnement bienveillant et sécurisé aux animaux accueillis.
Qu’est-ce qui t’a poussé à créer Pabete ? Un besoin personnel, une colère, un constat, une intuition ?
Salim : La plateforme Pabete.com est née d’un mélange de constat frustrant, d’élan solidaire et d’un amour sincère pour les animaux. Le constat est que chaque été c’est la même histoire. Des milliers d’animaux abandonnés parce que leurs humains ne trouvent personne pour les garder et optent pour la solution la plus simple et peut-être la plus lâche. Et pourtant, des solutions existent, entre les amis, les voisins, les bénévoles…
Mais il manquait un pont de confiance, un outil simple pour les connecter. Et comme beaucoup, j’ai galéré une fois à faire garder ma chienne et malheureusement je garde un très mauvais souvenir de cette expérience. Et je me suis dit : pourquoi c’est aussi compliqué ? Peut-être que la garde solidaire pouvait devenir une vraie alternative au système actuel. Peut-être que les gens sont prêts à s’entraider autour des animaux… S’ils ont le bon cadre pour le faire. Alors Pabete.com est née.
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Quand tu vois comment fonctionne aujourd’hui le monde de la garde d’animaux, c’est quoi le truc qui te hérisse encore le plus ?
Salim : Franchement ? Ce qui me hérisse le plus aujourd’hui dans le monde de la garde d’animaux, c’est la manière dont c’est devenu un marché avant d’être un service d’utilité réelle.
Dans Pabete, il y a forcément une partie que les gens ne voient pas du tout. C’est quoi cette partie invisible que toi seul portes au quotidien ?
Salim : Ce que les gens ne voient pas, c’est la gestion de chaque petit grain de sable. Quand un adhérent ne trouve pas de personne pour s’occuper de son animal. Quand une fiche est incomplète. Quand une personne t’appelle en larmes parce qu’elle doit se faire hospitaliser et ne sait pas où mettre son animal. Ce n’est pas juste de la gestion de plateforme, c’est une responsabilité morale réelle.
Rajoutant à cela le combat invisible pour faire comprendre à certains que « gratuit » peut aussi rimer avec « fiable ». Il faut, en effet, éduquer, rassurer et prouver que l’entraide peut être bien plus puissante que l’argent. Mais malgré tout cela, je continue parce que je sais que chaque animal gardé dans de bonnes conditions, chaque humain soulagé, chaque histoire de confiance est une victoire, c’est la preuve que cette « partie invisible » vaut tout l’or du monde.
T’as connu des moments où t’avais envie de tout envoyer balader ? Comment tu t’es raccroché ?
Salim : Oh oui ! Plusieurs fois même. Parfois tu te demandes vraiment pourquoi tu continues alors que ce serait tellement plus simple d’arrêter. Après, tu penses à toutes ces histoires humaines derrière Pabete.
À toutes ces personnes qui ont trouvé quelqu’un pour garder leurs animaux pendant une hospitalisation imprévue, à ces super gardiens ayant découvert un vrai lien avec des animaux et sorti de leur isolement, etc. Puis, même si je porte beaucoup seul, il y a toujours une personne, un mot, une rencontre qui me redonne de l’élan, et d’ailleurs, c’est ce qui s’est passé une fois en échangeant avec toi.
Si demain tu pouvais utiliser un raccourci, un « truc interdit » pour accélérer Pabete sans que personne ne s’en aperçoive, tu ferais quoi ?
Salim : Ah ! Je piraterais les algorithmes de visibilité et ferais en sorte que chaque personne qui tape « faire garder mon animal » tombe automatiquement sur Pabete en premier résultat.
Pabete repose sur une communauté. C’est quoi la plus belle preuve que t’as reçue de cette communauté ?
Salim : En réalité, c’est une preuve silencieuse. C’est vraiment le fait de créer des ponts invisibles entre les adhérents, tu sais, ces liens qui changent des vies !
Aujourd’hui, pourquoi tu continues à te battre pour Pabete ? Au-delà du projet, qu’est-ce que ça nourrit en toi ?
Salim : Aujourd’hui, je continue à me battre pour Pabete, pas seulement parce que c’est un bon projet. Parce que je ne supporte pas l’idée qu’un animal soit abandonné simplement parce que son humain n’a pas les moyens ou parce qu’il est obligé de se faire hospitaliser.
Je veux casser cette logique du “si t’as pas d’argent, t’as pas le droit d’avoir un animal”. Je continue à me battre parce qu’au fond, Pabete, c’est plus qu’un projet. C’est un combat. Un combat contre l’abandon, contre la solitude et contre l’indifférence.
Quel conseil tu donnerais à quelqu’un qui veut monter un projet pour les animaux, mais qui n’a ni réseau, ni argent ?
Salim : Je lui dirais : vas-y ! Le réseau et l’argent ne sont pas les premiers moteurs d’un projet. Ce qui compte le plus, c’est la clarté de ton pourquoi et ta capacité à créer de la valeur, même à petite échelle.
Quel est le ressenti des professionnel de la garde face à une plateforme comme Pabete, qui propose gratuitement des services comparables aux leurs ? Ont-ils le sentiment que cela fragilise leur activité ou leur reconnaissance ?
Salim : Pabete n’a jamais eu vocation à remplacer les petsitters et elle ne le pourra pas, car chacun a ses habitudes, ses préférences, son niveau de confiance et ses contraintes.
Il y a celles et ceux qui tiennent à passer par un professionnel qualifié, en qui ils ont confiance, qu’ils sollicitent depuis des années. Ils continueront à le faire, et c’est une chance d’avoir ce type d’accompagnement.
D’autres préfèrent s’en remettre à un proche, un voisin, un membre de la famille, et ne passeront jamais par un professionnel, pour des raisons affectives, pratiques ou économiques.
Et puis, il y a une troisième catégorie. Ceux qui n’ont ni les moyens de payer, ni un entourage disponible. Ceux que l’on oublie dans les modèles classiques, et qui parfois, en dernier recours, renoncent à partir en vacances ou, pire, à leur animal.
C’est pour eux que Pabete a été créé.
Pour proposer une alternative solidaire, gratuite, fondée sur l’entraide entre particuliers.
J’ai d’ailleurs rédigé un post Linkedin à ce sujet ici que je mets ci-dessous.
Pabète est gratuit pour tous. Comment Pabete se rémunère-t-il ? Et s’il ne se rémunère pas, comment gère-t-il les frais de fonctionnement ?
Pabete n’a pas été pensé pour « gagner de l’argent », mais pour faire gagner quelque chose de plus précieux à beaucoup : la possibilité de garder leur animal, même en période difficile.
Cela dit, si ta question est “Comment faire vivre une telle plateforme, durablement, sans trahir ses valeurs ?”, alors c’est une vraie réflexion, et elle est en cours.
Il existe plusieurs pistes qui permettent d’assurer la viabilité de Pabete sans faire payer les plus fragiles :
– des partenariats responsables,
– un modèle « freemium » pour celles et ceux qui souhaitent des options supplémentaires,
– ou même une logique de dons ou de soutien participatif.
Mais ce qui est certain, c’est que le cœur de Pabete restera l’entraide et qu’on ne construira pas un modèle économique en « monétisant la solidarité » ou en mettant un tarif sur le lien entre humains et animaux.
L’argent n’est pas tabou, mais ne doit pas être l’unique boussole.
Et dernière question, pour le fun : si Pabete devait devenir un animal demain, tu choisis lequel ? Et pourquoi ?
Salim : Je dirais un chien de berger, parce que c’est un animal qui veille sur tout le monde sans jamais chercher la lumière. Il est là pour les autres, pas pour lui !
📌 Le problème des abandons l’été, en 3 faits
- Plus de 60 000 abandons chaque été en France
Selon la SPA, la France détient le triste record européen. L’été concentre près de la moitié des abandons annuels, notamment lors des départs en vacances. - Des abandons évitables dans plus de 70 % des cas
D’après les associations, la majorité des abandons surviennent non par maltraitance, mais par absence de solution de garde perçue comme simple ou abordable. - Des alternatives existent, mais restent invisibles
Garde solidaire, hébergement temporaire, entraide locale… De nombreuses initiatives peinent à émerger face à la logique marchande dominante et au manque de relais institutionnels.
Une production originale Planipets Média.
Cet entretien a été réalisé par notre rédaction, sans aucune contrepartie financière, dans le cadre de l’une de nos missions : mettre en lumière celles et ceux qui agissent concrètement pour les animaux.
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