Un métier qui interroge – Beaucoup doutent du bien fondé
Elisabeth Sandrin n’est pas vétérinaire. Elle est communicante animalière. Un métier encore peu reconnu, souvent moqué, parfois rejeté, qui repose sur une réalité simple : des animaux expriment des choses que les humains ne savent pas toujours entendre. Elle tente de les écouter.
Pendant des années, Elisabeth a avancé sans faire de bruit. Elle proposait ses séances, rencontrait des familles, observait, ressentait, transmettait. Dans le secret, elle doutait.
« Est-ce que je ne suis pas en train d’inventer ? Est-ce que ce que je ressens vient vraiment de l’animal ou de mon mental ? » Ces questions l’ont accompagnée longtemps.
« Tu devrais consulter » – C’est ce qu’on lui a dit
Tout a basculé le jour où une personne, visiblement mal à l’aise face à sa profession, lui a lancé cette phrase : « Tu parles aux animaux ? Tu es folle, tu devrais consulter. » Elisabeth l’a encaissée. Elle n’a jamais oublié.
Comme beaucoup de professionnels du bien-être animal, elle a appris à composer avec ce regard extérieur. Celui qui juge, qui ironise, qui réduit.
Parfois même, celui qui humilie. « Je n’en ai pas parlé tout de suite, mais cette phrase m’a travaillée. Elle réveillait un doute profond que je n’osais pas formuler. »
Pourrait pour intéresser : Ce chien était terrorisé. Le maire a refusé qu’il parte en fourrière.
Un chien, un silence, un changement
C’est un chien qui va tout changer. Un animal adopté récemment, avec un lourd passif. Très réactif, presque agressif. Il ne se laissait approcher par personne. Aucune tentative de contact n’aboutissait. Les éducateurs étaient perplexes. Le vétérinaire n’avait rien détecté d’anormal. La famille était à bout.
Elisabeth accepte d’intervenir. Elle ne force rien. Elle s’installe, se connecte, capte ce qu’elle peut. Elle ne prononce aucun mot, ne fait aucun geste. Juste une posture d’écoute. Ce qu’elle perçoit, c’est une peur viscérale. Un sentiment d’abandon. Une tension intérieure immense.
La séance se passe sans événement spectaculaire. Le chien reste distant, méfiant. Mais le lendemain, tout change. L’animal s’approche lentement de son maître. Il pose sa tête sur ses genoux. Pour la première fois. En confiance. En paix.
Une confirmation intérieure
« J’ai pleuré« , confie Elisabeth. « Je n’avais pas pleuré parce que je m’étais prouvé quelque chose, mais parce que lui, ce chien-là, avait trouvé le courage de s’ouvrir. » Ce geste, si anodin en apparence, est devenu un repère. Une confirmation. Elle n’avait rien inventé. Ce n’était pas son mental. Il s’était passé quelque chose de réel, de profond, de juste.
Depuis, Elisabeth continue. Elle doute parfois, encore. Elle ne se remet plus en question de la même manière. Ce qu’elle fait a du sens. Elle le puise dans les résultats, dans les transformations, dans les liens qui renaissent.
Pourrait vous intéresser : Queen, la chienne qui ne savait plus rien faire seule : ce que son histoire révèle sur certains élevages
Une approche complémentaire
La communication animale reste un sujet sensible. Certains vétérinaires la perçoivent comme un danger. D’autres l’ignorent totalement. Pourtant, Elisabeth insiste : il ne s’agit ni d’un soin médical, ni d’un diagnostic comportemental. Elle n’intervient pas à la place, mais à côté.
« Je ne remplace pas un vétérinaire. Je ne donne pas de traitement. Je ne suis pas une solution miracle. Mais parfois, quand un animal va mal et que tout semble bloqué, comprendre ce qu’il ressent permet de rouvrir une porte. »
Son travail ne prétend pas rivaliser avec la science. Il s’inscrit dans une autre dimension : celle du lien, de l‘émotion, de l’invisible. Même si cela reste difficile à expliquer, les familles qu’elle accompagne témoignent souvent d’un changement concret.
La communication animale ne se substitue jamais à un suivi vétérinaire ou comportemental. Elle peut, dans certains cas, offrir un éclairage complémentaire.
Pourrait vous intéresser : Ce chien n’était pas désobéissant. Il avait juste peur d’être abandonné
Une parole enfin libérée
C’est à l’occasion d’un défi lancé par Planipets, qu’Elisabeth a osé raconter cette histoire. Le thème : « Ce que je n’avais jamais dit jusqu’ici. » Chaque semaine, des professionnels sont invités à partager une vérité profonde liée à leur métier. Elisabeth a choisi de parler de ce doute. Et de ce chien.
Son témoignage a touché des dizaines de personnes. Des professionnels, mais aussi des particuliers. Ceux qui ont déjà ressenti que leur animal « voulait dire quelque chose » sans y parvenir. Ceux qui ont vécu des comportements étranges, sans explication logique. Ceux qui, sans mettre de mots dessus, ont perçu une forme de communication intuitive. Certains lecteurs admettent “avoir toujours su que leur chien essayait de leur dire quelque chose, sans savoir comment l’entendre”.
Pourrait vous intéresser : Burn‑out français, pertes invisibles : la profession vétérinaire au bord du gouffre ?
Une série pour rendre visible l’invisible
L’histoire d’Elisabeth est le treizième épisode de la série Les Pros Invisibles, diffusée par Planipets Média. L’objectif : donner la parole à celles et ceux qu’on ne met jamais en avant. Des professionnels qui travaillent dans l’ombre, qui doutent, qui tiennent, et qui changent parfois des vies.
Cette série ne cherche pas à convaincre. Elle cherche à montrer. Montrer les trajectoires, les failles, les victoires silencieuses. Montrer ce qu’on ne regarde jamais. Et rappeler qu’il existe, autour des animaux, des métiers de lien, de soin, de présence, qui méritent d’être reconnus.
Et si c’était vrai ?
Beaucoup de lecteurs l’ont écrit dans les commentaires : « Moi aussi, j’ai déjà eu cette sensation. » Une réaction inexplicable. Un regard qui en disait long. Un comportement qui semblait « parler« . Et si ce n’était pas juste un hasard ? Et si nos animaux essayaient, eux aussi, de se faire entendre à leur manière ?
Elisabeth ne donne pas de leçons. Elle n’érige pas sa pratique en vérité. Elle propose une autre façon d’écouter. Libre à chacun d’y croire ou pas. Mais à ceux qui ont un jour senti quelque chose sans pouvoir le formuler, son témoignage résonne avec une force inattendue.
Découvrez le travail d’Elisabeth Sandrin, experte en communication animale sur sa fiche Planipets. Ses horaires, son fonctionnement, sa philosophie. Découvrez ici
Par Nasser ALI SAID pour Planipets Média