Parfois, on pense que l’amour protège. Mais parfois, c’est lui qui explose. Paul disait aimer les animaux “plus que les humains”. Jusqu’à ce qu’un jour, son chien s’approche trop près de sa colère. Voici ce que cache vraiment ce basculement.
Un amour proclamé, un geste impensable
Paul a 39 ans. Il travaille dans l’informatique, vit seul en périphérie de Montpellier. Dans son salon, une photo trône : lui, tout sourire, un golden retriever dans les bras. “C’est mon fils”, disait-il souvent de Newton, son chien, adopté à la SPA deux ans plus tôt.
Ses proches n’ont jamais douté de son attachement. Il partageait des vidéos de chiens chaque semaine. Il pleurait devant les sauvetages diffusés sur TikTok. Il connaissait les marques de croquettes comme d’autres les crus de Bordeaux. Mais l’amour des animaux ne vaccine pas contre la violence.
Un soir, tout a basculé.
Le jour où il a frappé : « Je ne me suis pas reconnu »
Ce jour-là, Newton a aboyé. Fort. Longtemps. Paul, qui sortait d’une réunion tendue avec son manager, a crié. Le chien n’a pas cessé.
“Je ne sais pas ce qui s’est passé. C’était comme si mon corps avait agi tout seul. J’ai levé la main. Pas pour frapper. Mais elle est tombée.”
La claque n’a pas été violente. Newton n’a pas saigné. Il n’a même pas gémi. Mais il s’est figé. Puis il s’est éloigné. Lentement. En reculant. Comme on évite un inconnu.
“J’ai su à ce moment-là que je venais de faire quelque chose d’irréversible.”
Ce que ça cache : la colère n’est jamais anodine
Paul n’avait jamais frappé un animal avant. Ni un humain. Il n’est pas alcoolique. Il ne joue pas. Il n’a pas de casier. Alors pourquoi ? Pourquoi ce geste — qu’il condamne lui-même — est-il sorti de lui, un jour banal ?
Selon certains comportementaliste, ce type de situation est plus fréquent qu’on ne le croit.
“Chez certains propriétaires, l’amour pour leur animal est réel. Mais il est aussi chargé émotionnellement. Le chien devient un substitut d’écoute, de présence, voire un régulateur émotionnel. Quand il ne joue plus ce rôle — par exemple, quand il dérange — l’effondrement est brutal.”
Autrement dit : ce n’est pas Newton que Paul a frappé. C’est une partie de lui qu’il n’a plus su contenir.
Quand on aime trop… mal
L’amour des animaux peut être excessif, exclusif. Et parfois, possessif.
“Je lui parlais plus qu’à mes amis”, admet Paul. “C’était lui que je serrais dans mes bras quand ça n’allait pas. Il dormait sur le lit. Il mangeait avant moi.”
Dans son discours, Newton n’était plus un chien. Il était un confident, un repère, une éponge à émotions.
Jusqu’au jour où, en aboyant, il est devenu une source de stress — et donc, un “traître”.
Ce type de projection est courant chez les maîtres très fusionnels. Ils donnent énormément. Mais attendent aussi — inconsciemment — que l’animal les “sauve”.
Quand ce mirage s’effondre, la frustration peut exploser. Parfois, en un seul geste.
Devrait vous intéresser : Elle a pleuré quand son chien est parti. Pas quand son oncle s’en est allé
Et après ? La honte, la fuite… ou la prise de conscience
Paul n’a pas dormi de la nuit. Il en a pleuré. Newton, lui, est resté en boule au bout du canapé.
Le lendemain, il a appelé un éducateur canin. Puis une comportementaliste. Et enfin, un thérapeute.
“Je ne voulais pas devenir ce mec qui frappe. Alors j’ai tout dit. Tout, sauf que je ne l’aimais pas. Parce que je l’aime, toujours.”
Ce qu’il a découvert en thérapie l’a bouleversé : Depuis des mois, Paul était en état d’hyperstress chronique. Il dormait mal. Mangeait peu. Ruminait en boucle ses échecs professionnels.
Newton absorbait tout ça. Et ce soir-là, il a juste… dépassé la limite.
L’animal comme révélateur (pas comme bouc émissaire)
Les violences animales ne viennent pas toujours de “monstres”.
Elles peuvent venir de gens épuisés. Débordés. Déconnectés d’eux-mêmes. Et c’est justement pour ça qu’elles sont dangereuses : parce qu’elles se glissent dans les interstices du quotidien.
“Il ne faut pas attendre la maltraitance pour agir”, insiste Valérie Chanal.“Un animal qui devient source d’agacement, qui déclenche une tension interne… c’est déjà un signal d’alerte.”
Newton, lui, n’a pas fui. Il s’est laissé approcher le lendemain. Mais plus lentement. Plus prudemment.
Paul a déplacé son lit au sol. Il a installé une routine plus calme. Et surtout : il a appris à reconnaître ses propres signes de débordement.
Peut-on se pardonner ?
“Je n’ai jamais recommencé. Mais parfois, j’y repense, et j’ai honte.” La culpabilité reste. Même deux ans plus tard. Paul s’est engagé auprès d’une association locale. Il accompagne des adoptants en difficulté, pour éviter les abandons ou les réactions violentes.
Il n’a jamais dit à ses amis ce qui s’était passé. “Ils ne comprendraient pas. Ils diraient que j’ai menti sur qui je suis.”
Devrait vous intéresser : Elle a tout mis entre parenthèses pour sauver son chien. Et elle a failli s’y perdre.
Ce que Newton a permis
Il n’y a pas de justification à un geste violent. Mais il y a parfois, derrière, une histoire non dite.
Newton a été la victime d’un coup. Mais aussi le déclencheur d’un chemin de réparation.
Grâce à Newton en quelques sortes, Paul a commencé à se réparer lui-même.
À retenir
- Aimer les animaux ne suffit pas à prévenir les débordements émotionnels.
- La fusion homme-animal peut masquer des attentes irréalistes ou une solitude profonde.
- Un seul geste, même isolé, doit être interrogé : il révèle souvent un déséquilibre plus large.
- Chercher de l’aide (thérapeute, éducateur, comportementaliste) n’est pas un aveu d’échec, mais un acte de responsabilité.
C’est en partageant qu’on fait bouger les lignes . Partagez ça sur vos réseaux
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Ses proches n’ont jamais douté de son attachement. Il partageait des vidéos de chiens chaque semaine. Il pleurait devant les sauvetages diffusés sur TikTok. Il connaissait les marques de croquettes comme d’autres les crus de Bordeaux. Mais l’amour des animaux ne vaccine pas contre la violence.
Un soir, tout a basculé.
Le jour où il a frappé : « Je ne me suis pas reconnu »
Ce jour-là, Newton a aboyé. Fort. Longtemps. Paul, qui sortait d’une réunion tendue avec son manager, a crié. Le chien n’a pas cessé.
“Je ne sais pas ce qui s’est passé. C’était comme si mon corps avait agi tout seul. J’ai levé la main. Pas pour frapper. Mais elle est tombée.”
La claque n’a pas été violente. Newton n’a pas saigné. Il n’a même pas gémi. Mais il s’est figé. Puis il s’est éloigné. Lentement. En reculant. Comme on évite un inconnu.
“J’ai su à ce moment-là que je venais de faire quelque chose d’irréversible.”
Ce que ça cache : la colère n’est jamais anodine
Paul n’avait jamais frappé un animal avant. Ni un humain. Il n’est pas alcoolique. Il ne joue pas. Il n’a pas de casier. Alors pourquoi ? Pourquoi ce geste — qu’il condamne lui-même — est-il sorti de lui, un jour banal ?
Selon la psychologue comportementaliste Valérie Chanal, ce type de situation est plus fréquent qu’on ne le croit.
“Chez certains propriétaires, l’amour pour leur animal est réel. Mais il est aussi chargé émotionnellement. Le chien devient un substitut d’écoute, de présence, voire un régulateur émotionnel. Quand il ne joue plus ce rôle — par exemple, quand il dérange — l’effondrement est brutal.”
Autrement dit : ce n’est pas Newton que Paul a frappé. C’est une partie de lui qu’il n’a plus su contenir.
Quand on aime trop… mal
L’amour des animaux peut être excessif. Exclusif. Et parfois, possessif.
“Je lui parlais plus qu’à mes amis”, admet Paul. “C’était lui que je serrais dans mes bras quand ça n’allait pas. Il dormait sur le lit. Il mangeait avant moi.”
Dans son discours, Newton n’était plus un chien. Il était un confident, un repère, une éponge à émotions.
Jusqu’au jour où, en aboyant, il est devenu une source de stress — et donc, un “traître”.
Ce type de projection est courant chez les maîtres très fusionnels. Ils donnent énormément. Mais attendent aussi — inconsciemment — que l’animal les “sauve”.
Quand ce mirage s’effondre, la frustration peut exploser. Parfois, en un seul geste.
Devrait vous intéresser : Elle a pleuré quand son chien est parti. Pas quand son oncle s’en est allé
Et après ? La honte, la fuite… ou la prise de conscience
Paul n’a pas dormi de la nuit. Il a pleuré. Newton, lui, est resté en boule au bout du canapé.
Le lendemain, il a appelé un éducateur canin. Puis une comportementaliste. Et enfin, un thérapeute.
“Je ne voulais pas devenir ce mec. Celui qui frappe. Celui qui nie. Alors j’ai tout dit. Tout, sauf que je ne l’aimais pas. Parce que je l’aime, toujours.”
Ce qu’il a découvert en thérapie l’a bouleversé : Depuis des mois, Paul était en état d’hyperstress chronique. Il dormait mal. Mangeait peu. Ruminait en boucle ses échecs professionnels.
Newton absorbait tout ça. Et ce soir-là, il a juste… dépassé la limite.
L’animal comme révélateur (pas comme bouc émissaire)
Ce que cette histoire révèle, c’est que les violences animales ne viennent pas toujours de “monstres”.
Elles peuvent venir de gens épuisés. Débordés. Déconnectés d’eux-mêmes. Et c’est justement pour ça qu’elles sont dangereuses : parce qu’elles se glissent dans les interstices du quotidien.
“Il ne faut pas attendre la maltraitance pour agir”, insiste Valérie Chanal.“Un animal qui devient source d’agacement, qui déclenche une tension interne… c’est déjà un signal d’alerte.”
Newton, lui, n’a pas fui. Il s’est laissé approcher le lendemain. Mais plus lentement. Plus prudemment.
Paul a déplacé son lit au sol. Il a installé une routine plus calme. Et surtout : il a appris à reconnaître ses propres signes de débordement.
Peut-on se pardonner ?
“Je n’ai jamais recommencé. Mais parfois, j’y repense, et j’ai honte.” La culpabilité reste. Même deux ans plus tard. Paul s’est engagé auprès d’une association locale. Il accompagne des adoptants en difficulté, pour éviter les abandons ou les réactions violentes.
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Ce n’est pas à lui de réparer son maître. Mais c’est grâce à lui que Paul a commencé à se réparer lui-même.
À retenir (sans pointer du doigt)
- Aimer les animaux ne suffit pas à prévenir les débordements émotionnels.
- La fusion homme-animal peut masquer des attentes irréalistes ou une solitude profonde.
- Un seul geste, même isolé, doit être interrogé : il révèle souvent un déséquilibre plus large.
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