Par Loréna Achemoukh, pour Planipets Média
Une chienne qui restait figée, comme en attente d’une autorisation
Quand Lydia et Chris ont adopté Queen, ils pensaient simplement accueillir une chienne traumatisée. Ils avaient conscience que ce ne serait pas facile. Ce qu’ils ont découvert ensuite était d’un autre ordre.
Queen venait d’un élevage intensif. Elle n’avait jamais appris à explorer, jouer, découvrir. Lorsqu’elle est arrivée chez eux, elle n’initiait aucun comportement. Il fallait lui dire quand manger, quand sortir, quand faire ses besoins. Elle restait figée. Pas par peur passagère, mais comme si son corps attendait une validation extérieure pour exister.
Lydia et Chris ont mis en place une routine rassurante. Ils ont consulté plusieurs professionnels. Ils ont répété les gestes, parlé doucement, installé des repères stables. Rien ne semblait suffire. Queen observait, sans agir.
Une professionnelle a mis des mots sur ce silence – Laëtitia Verneau Zen Animae
Laetitia Verneau, comportementaliste, a accompagné Queen sur plusieurs séances. Elle connaissait les chiens réservés, apeurés, mais Queen représentait autre chose. Une sorte de vide relationnel profond, installé très tôt.
Après l’une de ces séances, Laetitia a écrit un message sur les réseaux sociaux que Lydia a pu même lire
« Queen est l’animal qui jusqu’ici m’a le plus marquée et touchée. L’humain, par avidité, est prêt à détruire les âmes. Elle a de la chance d’être avec vous. »
Ce message, en filigrane, pointait un système entier, capable de produire des chiens sans langage, sans repère, sans intériorité construite.
Un fonctionnement proche de l’autisme, selon les experts
On a expliqué à Lydia que Queen présentait un fonctionnement comparable à certaines formes d’autisme. Il n’y avait jamais eu de stimulations précoces. Pas d’interactions positives. Aucun apprentissage de la relation. Elle n’avait pas développé de besoin, car aucun plaisir ne lui avait jamais été accessible.
Très peu de choses ont changé. Queen reste un animal craintif mais certaines routines nouvelles sont apparues. Queen attend la brioche du matin. Elle cherche les morceaux de gâteaux que Lydia cache dans la pièce. Elle les trouve toujours. Cela suffit à construire un micro-espace sécurisant. Ce n’est pas spectaculaire. C’est stable.
Ce n’est pas 100% idéal mais c’est moins pire qu’avant et on constate lucidement des progrès, donc.
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Ce qu’ils ont découvert ensuite les a tout de même bouleversés
Au départ, ils pensaient que Queen était un cas isolé. Une histoire difficile parmi d’autres. Puis ils ont commencé à se documenter. Ils ont cherché à comprendre d’où venaient les chiots vendus sur les plateformes en ligne. Comment fonctionnaient certains élevages. Pourquoi les chiots arrivaient si vite. Pourquoi les prix étaient si bas.
Ce qu’ils ont trouvé a remis en question leur perception entière du système. Queen était loin d’être un cas rare. Elle était le produit d’un fonctionnement répété.
Ce que les premières semaines d’un chiot construisent (ou détruisent)
Les trois premiers mois de vie d’un chiot sont essentiels. C’est le moment où il apprend à gérer ses émotions, à explorer le monde, à créer des liens. Quand ce temps est réduit à l’attente, à la surpopulation, à l’absence de contact humain individualisé, tout ce développement est freiné. Parfois bloqué définitivement.
L’élevage intensif, en multipliant les portées et en privant les chiots de stimulations adaptées, fabrique des profils désorganisés. Ce ne sont pas des chiens « difficiles ». Ce sont des chiens privés de base.
Pourquoi ces pratiques continuent
Malgré les alertes régulières, ces pratiques persistent. Parce qu’elles répondent à une demande forte, rapide, orientée sur la race et le prix. Parce que les contrôles sont rares. Parce que l’achat d’un chiot est encore trop souvent vu comme une décision légère.
Queen, comme tant d’autres, a été abîmée avant même d’être adoptée. Aucun des gestes de Lydia et Chris ne pourra annuler ce qui a été imposé dans ses premières semaines.
Ce qu’elle nous oblige à regarder
Queen vit dans un foyer aimant, sans jamais avoir retrouvé une autonomie pleine. Son regard, sa façon de rester en retrait, les rituels infimes qu’elle accepte – tout cela raconte une histoire silencieuse que bien peu prennent le temps d’écouter.
Adopter un chien ne signifie pas toujours offrir une seconde chance. Parfois, cela signifie composer avec ce qui a été brisé, et accompagner ce qui reste.
Queen n’a pas guéri. Mais elle a trouvé un espace où rien ne lui est imposé. Et dans cet espace, chaque petite routine est une victoire.
Par Loréna Achemoukh, pour Planipets Média
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