Histoire transmise par Jeanne, à Reims
Une adoption un peu hasardeuse
Jeanne n’avait pas prévu de reprendre un animal. Elle avait déjà trois enfants, un job en horaires décalés, une maison en désordre… Ce n’était pas le moment. Ce genre d’initiatives, elle ne le voyait pas d’un très bon oeil.
Mais ce samedi-là, au refuge, elle était venue “pour accompagner une amie”. Et dans un coin, recroquevillé sur lui-même, un vieux chat au poil terne et au regard flou la fixait sans bouger. Quel regard !
« Il ne nous a pas choisis. Il était juste… là. »
C’est sa fille qui a insisté. “Il est trop vieux. Personne va le prendre. Il nous regarde, il vous veut”
Alors ils sont repartis avec lui.
Il s’appelait déjà Sherbi. Alors ils ont gardé ce nom !
Une maison qui fonctionnait un peu en veille
Chez Jeanne, tout le monde vit ensemble mais chacun dans sa pièce. Chacun vit dans son monde.
Le fils aîné mange dans sa chambre. La cadette s’enferme avec son casque. Et Jeanne passe son temps entre les lessives et la cuisine.
« On ne se disputait pas mais on ne se parlait plus vraiment non plus. Nous étions une famille avec des membres chacun dans son coin»
Le soir, chacun avait son écran. Chacun avait son monde et chacun avait ses silences.
Quand Sherbi est arrivé, personne ne lui a vraiment prêté attention, au début. Il s’est installé sur un plaid, dans le salon.
Il mangeait peu, il ne miaulait jamais et semblait presque trop calme.
Le chat qui ne demandait rien
Sherbi ne grimpe pas sur les canapés. Il ne vient pas se frotter. Il n’essaie pas de jouer.
Il est simplement là. Présent mais distant.
Un vieux chat qui semble avoir déjà tout vécu. Un vieux sage.
Et dans une maison habituée au bruit et à l’agitation… c’était presque troublant.
Il observait. Il écoutait. Il se contentait d’être là.
« Il n’attendait rien de nous. Et du coup, on ne savait pas trop quoi lui donner. »
Des gestes miniscules… qu’ils avaient du mal à remarquer
Au bout de quelques jours, Jeanne se rend compte que son fils s’arrête parfois devant lui. Pas tout le temps, mais de plus en plus tout de même.
Pas pour le caresser. Mais pour le regarder.
Sa plus jeune commence à poser ses chaussures plus doucement, “pour ne pas le réveiller”.
Et Jeanne, sans y penser, lui parle parfois à voix haute. Une phrase. Un mot. Comme s’il était… un témoin.
Mais tout ça, elle ne le remarque que bien plus tard.
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La coupure d’électricité
C’est arrivé un lundi soir. Une panne soudaine a plongé une partie de la région dans le noir total.
Plus de lumière. Plus de télé. Plus de téléphone.
“Je me suis retrouvée dans un salon silencieux, avec mes trois enfants, et Sherbi.”
Pas d’activité prévue. Pas de repli dans les chambres. Ils n’avaient rien de prévu et en même temps donc pas d’excuse que de se retruover.
Sherbi, lui, s’est levé. Tranquillement. Il s’est installé entre eux.
Pas sur les genoux, et encore moins contre quelqu’un. Il était juste là. Au centre de tout le monde.
Et dans ce silence un peu gênant, l’un des enfants a soufflé :
“On fait quoi maintenant ?”
Jeanne a ri. Un autre a allumé une bougie. Et ils sont restés comme ça, une heure à parler, à se taquiner et à être tout simplement ensemble.
Ce qu’il a déplacé, sans jamais forcer
Après ce soir-là, quelque chose avait changé. Pas radicalement. Mais profondément.
- Les repas sont redevenus collectifs.
- Les chaussures s’alignaient à nouveau dans l’entrée.
- Et Jeanne, elle-même, restait plus souvent dans le salon, juste pour lire.
Et Sherbi ? Il faisait toujours la même chose.
Il dormait, observait et occupait l’espace, sans bruit.
Mais c’est grâce et autour de lui que tout avait repris forme
Ce que disent les études sur les chats âgés
Adopter un chat senior peut sembler ingrat. Et pourtant, plusieurs études montrent leur impact étonnant sur l’équilibre émotionnel d’un foyer.
Selon Le Figaro, les chats âgés s’adaptent plus facilement, imposent moins d’exigences, et contribuent à une ambiance apaisée.
Des travaux relayés par Woopets indiquent que caresser un chat réduit le taux de cortisol (hormone du stress) et augmente l’ocytocine, renforçant le sentiment de lien.
Ce n’est donc pas un hasard si certains animaux “silencieux” deviennent de véritables piliers dans des maisons où le lien s’est effacé.
Une transformation invisible… mais réelle
Aujourd’hui, Sherbi est toujours là. Il a ses jours lents. Il boite un peu. Il ne réclame jamais. Mais quand il se lève, chacun l’observe.
Quand il s’installe, quelqu’un s’approche.
Et Jeanne, parfois, s’arrête de ranger. Juste pour s’asseoir près de lui.
“Il n’a rien demandé. Mais il nous a rassemblés. En quelque sorte, il a un certain charisme”
🐾 Vous avez, vous aussi, une histoire à raconter ?
Planipets Média recueille les récits de celles et ceux pour qui un animal a changé quelque chose de profond.
Une ambiance. Une relation. Une vie intérieure.
Vous n’avez pas besoin de bien écrire. Il suffit d’oser le dire.