Dans le dernier épisode de Rex & Minou, Rex raconte une histoire qui le laisse perplexe. Un couple a adopté un chiot de deux mois. Au bout de six semaines, ils l’ont ramené au refuge. Le chien ne mordait pas, ne cassait rien. Il avait juste un défaut rédhibitoire : il « les regardait trop ». Oui !
Voici l’épisode
Minou, comme à son habitude, lâche sa réflexion habituelle, mordante et juste :
« Heureusement qu’ils ont pas adopté un miroir, ils l’auraient balancé par la fenêtre. »
Cette anecdote révèle quelque chose de troublant. Le chien était exactement ce qu’un chien doit être, c’est-à-dire, présent, affectueux, attentif. Mais c’était justement ça le problème. Il était trop là, trop vivant et sincère pour des gens qui voulaient un animal de compagnie sans la compagnie.
Nos vies modernes ne supportent plus les vrais liens
On adopte un chien parce qu’on a besoin d’affection, de stabilité émotionnelle, d’un lien authentique dans nos existences fragmentées. Sauf qu’entre le boulot qui déborde, les enfants à gérer, les trajets interminables et les notifications qui n’arrêtent jamais, on n’a pas vraiment de place pour accueillir un être vivant avec ses propres besoins.
Le fantasme, c’est l’animal thérapeutique parfait : disponible quand on en a besoin, discret quand on est occupé, compréhensif quand on l’oublie.
Malheureusement, les chiens n’ont pas lu le mode d’emploi. Ils continuent de réclamer des promenades quotidiennes, de l’attention régulière, une présence constante. Ils ne savent pas fonctionner par créneaux de dix minutes entre deux réunions.
Résultat, beaucoup de familles se retrouvent avec un décalage énorme entre leurs attentes et la réalité. Le chien fait exactement ce pour quoi on l’a adopté. Il aime, il s’attache, il demande de l’attention. Mais ça devient vite insupportable.
Les refuges voient affluer les retours « sans raison »
Les statistiques de la SPA le confirment : près d’un tiers des chiens rendus ont moins d’un an et retournent au refuge dans les trois mois qui suivent l’adoption.
Les explications données par les familles suivent toujours le même schéma :
« Il est trop énergique », « On ne pensait pas que ce serait si contraignant », « Il supporte mal la solitude », « Il nous suit partout ».
Autrement dit, le chien se comporte normalement mais ne rentre pas dans les cases d’une vie humaine déjà pleine à craquer.
Cette situation devient de plus en plus fréquente, alimentée par l’image idéalisée qu’on se fait des animaux domestiques grâce aux réseaux sociaux et aux films. On imagine un compagnon docile, propre, qui comprend intuitivement nos besoins sans jamais exprimer les siens.
Les professionnels connaissent bien le problème
Éducateurs canins, vétérinaires, comportementalistes entendent régulièrement les mêmes doléances.
« On l’adore, c’est sûr, mais il est vraiment compliqué. »
« C’est un bon chien au fond, seulement on manque de temps. »
« On aimerait qu’il soit plus… facile à vivre. »
Le mot revient sans cesse : facile (ou « simple » selon les cas). Comme si un bon animal de compagnie était celui qui ne prend pas de place, qui existe juste assez pour combler un manque affectif sans jamais créer de contrainte.
Une éducatrice canine utilisant Planipets le résume ainsi :
“Quand j’entends ‘on l’adore, mais on n’a pas de temps’, je sais déjà que le lien est en train de lâcher.”
Et même ceux qui font de leur mieux peuvent, sans le vouloir, tomber dans ce piège-là : celui d’aimer sans ajuster. Ce n’est pas une faute. C’est une réalité à regarder en face.
Ces spécialistes savent que le vrai souci ne vient pas des chiens mais du manque de préparation des adoptants. Beaucoup de gens méconnaissent totalement les besoins d’un animal domestique et n’anticipent pas l’impact sur leur quotidien. Quand ils tentent d’expliquer ces réalités, la réponse tombe souvent comme un couperet : « Mais on l’aime, notre chien ! ». Comme si l’amour dispensait de s’organiser différemment.
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L’usure remplace l’abandon brutal
Ce qui se joue aujourd’hui, c’est rarement de la maltraitance ouverte. C’est plutôt une forme d’épuisement invisible. Le chien continue d’aimer ses maîtres, mais ceux-ci ne supportent plus sa présence constante.
Il devient gênant sans rien faire de mal, pesant simplement parce qu’il existe.
- On lui parle moins.
- On ouvre les portes plus vite.
- On espère qu’il dorme plus longtemps.
Et petit à petit, la présence devient une charge.
Cette usure progressive touche des familles sincèrement attachées à leur animal. Elles ne le battent pas, ne le négligent pas ouvertement. Elles subissent juste sa présence au lieu de la savourer.
Le lien s’effrite lentement, sans drame apparent, jusqu’à ce que la cohabitation devienne insupportable.
Rex sent confusément cette réalité dans l’épisode, sans arriver à la formuler clairement.
Ce n’est pas une histoire exceptionnelle de cruauté, c’est un phénomène malheureusement parfois banal de notre époque.
Donner la parole à ceux qu’on n’entend jamais
L’intelligence de Rex & Minou, c’est de laisser les animaux raconter leur version des faits.
On y voit deux compagnons qui discutent et, à travers leurs échanges, font entendre une vérité dérangeante.
Ce n’est pas aux chiens de s’adapter à nos vies surchargées. C’est à nous de réorganiser notre existence pour accueillir dignement un être vivant qui a ses propres besoins.
Dans l’épisode, Rex pose les bonnes questions sans donner de leçon. Minou observe le monde avec son ironie habituelle, lucide mais sans amertume.
Ensemble, ils parlent pour tous ces animaux qu’on dit aimer mais auxquels on refuse, au final, le droit de prendre leur place.
Une question qui dérange
Cet épisode met le doigt sur un paradoxe moderne embarrassant. On peut sincèrement aimer un chien tout en refusant qu’il bouleverse notre quotidien. On peut avoir de l’affection pour lui tout en espérant qu’il se fasse discret, qu’il demande moins, qu’il regarde moins.
Mais les chiens ne savent pas aimer à distance. Ils vivent dans l’instant et dans le lien direct. Ils apprennent par répétition, pas par intermittence. Partager sa vie avec eux demande des ajustements réels, pas des aménagements cosmétiques.
La question posée par Rex & Minou n’a pas de réponse simple :
peut-on vraiment aimer un animal sans accepter qu’il prenne toute sa place ?
Dans un monde où les humains monopolisent généralement la parole, laisser les principaux intéressés s’exprimer constitue déjà un début de réparation.
L’épisode « Un chien mais pas trop » relié à cet article est le premier de la deuxième saison de la mini-série Rex & Minou, produit par Planipets.
Voir d’autres épisodes
Rex & Minou dans un écosystème pensé pour tous
Rex & Minou est une série d’animation lancée par Planipets dont le but est triple
- Apporter du rire (mais aussi désormais tout type d’émotion)
- Sensibiliser au bien-être animal
- Mettre en avant les professionnels autour des animaux, invisibilisés pourtant presque partout
Les situations décrites dans cet épisode, les professionnels du bien-être animal les connaissent bien.
Éducateurs, toiletteurs, ostéopathes ou vétérinaires, communicants animaliers, naturopathe : ils sont souvent les premiers témoins de ces histoires, et parfois les seuls à pouvoir les éviter.
Certains se regroupent désormais au sein de Planipets Pro, une plateforme qui met en lumière leur travail et leurs initiatives pour améliorer la vie des animaux au quotidien.
Article rédigé par Loréna Achemoukh pour Planipets Média
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