Elle ne pensait jamais en arriver là. Choisir entre sauver son chien et payer son loyer.
Clémence, 34 ans, vit seule près de Lille dans un petit appartement qu’elle loue, ni tout à fait chic, ni tout à fait délabré. Assistante administrative, elle touche 1 400 euros net par mois. Léo, son Labrador de 8 ans, partage son quotidien depuis des années. Il a vu ses galères, ses soirées seules, et ses rares moments de répit.
Tout a basculé un matin. Léo s’est mis à gémir, incapable de se lever. Urgence vétérinaire. Diagnostic : calcul urinaire bloquant. Il fallait opérer, vite. 1 200 euros. Pas de tiers payant, pas de facilité.
Clémence est restée figée, le devis sous les yeux. Dans la salle d’attente, elle entend encore la phrase du vétérinaire :
« C’est vous qui voyez. Moi, je peux soigner. Mais il faut régler avant. »
Elle n’avait jamais cru qu’un jour, elle devrait choisir entre la vie de son chien et son loyer. Léo n’est pas qu’un chien. C’est son compagnon. Mais ce jour-là, elle a eu peur de ne pas être à la hauteur.
Je suis censée faire comment ? Je vais choisir entre payer mon loyer et sauver Léo ?
« Un animal, c’est pour la vie » : la pression sociale
Sur les réseaux sociaux, elle voit défiler des posts : « Un animal, c’est pour la vie. » Certains vendent leur voiture pour soigner leur compagnon. D’autres font des cagnottes. Mais Clémence, elle, a juste un crédit à la consommation qu’elle peine à rembourser. Elle a honte. Elle a l’impression d’échouer, de ne pas être assez.
La culpabilité de ne pas être à la hauteur
Elle n’a pas de famille pour l’aider. Pas de plan B. Elle se sent seule. Et elle se demande pourquoi on ne parle jamais de ces gens-là : les précaires, ceux qui bossent mais qui n’arrivent plus à suivre. Ceux qui doivent choisir entre les croquettes et l’électricité. Ceux qui se retrouvent face à un vétérinaire et un devis qui fait trembler.
En France, la vie coûte plus cher que jamais. Loyer, factures, nourriture, carburant… tout augmente, et personne ne prend le temps d’en parler franchement. L’inflation fait exploser les factures. Les vétérinaires aussi : entre les charges, le matériel, et l’assurance, leurs prix ont grimpé de plus de 15 % en trois ans (source : Ascentiel Groupe).
Le budget de l’État est sous tension, la dette explose, les aides sociales sont étalées comme des sparadraps sur des plaies béantes. Et pendant ce temps, des milliers de Français, comme Clémence, rament pour finir le mois.
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Un tabou massif
le dilemme financier des propriétaires d’animauxClémence n’est pas un cas isolé. En France, près de 48 % des propriétaires d’animaux ont déjà renoncé à consulter un vétérinaire en raison du coût élevé des soins, un chiffre qui grimpe à 69 % chez les plus précaires (source : Ascentiel Groupe). Environ 30 % des abandons d’animaux sont directement liés aux difficultés financières (source : Solly Azar).
Derrière ces chiffres, il y a des gens comme elle. Des gens qui bossent dur, mais qui, quand un pépin arrive, se retrouvent seuls, sans solution, face à un choix impossible : soigner son chien ou payer son loyer.
La décision impossible : choisir le cœur ou la raison ?
Clémence a pris un crédit à la consommation pour sauver Léo. Elle a choisi de soigner son chien, même si cela signifie se priver de vacances, de sorties, de tout ce qui faisait qu’elle avait l’impression de respirer un peu. « J’ai signé les papiers les mains tremblantes », raconte-t-elle. « J’ai fait ce qu’il fallait, je crois. Mais je sais que je vais devoir me serrer la ceinture pour payer tout ça. Et parfois, je me demande si j’ai eu raison. »
Cette expérience a changé son regard sur ce que veut dire aimer un animal. Ce n’est pas juste des câlins et des balades. C’est aussi porter la honte, la peur et la solitude.
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Et Clara n’est pas un cas isolé.
Chaque année, on estime à plus de 100 000 le nombre d’euthanasies animales pratiquées en France.
Chiens, chats, nouveaux animaux de compagnie… Derrière ce chiffre, ce sont des centaines de milliers de décisions déchirantes, prises souvent dans l’ombre, entre culpabilité, amour et solitude émotionnelle. La majorité n’en parle jamais. La société, elle, regarde ailleurs.
Estimation basée sur les données croisées de la FACCO sur la population animale domestique, des retours terrain de vétérinaires praticiens et des taux de mortalité rapportés dans les congrès VetAgro Sup et SNVEL. Ce chiffre est également évoqué par Wamiz, Vetostore et la Fondation 30 Millions d’Amis entre 2021 et 2024.
Personne ne nous prépare à ça
« Personne ne m’avait dit que j’allais devoir choisir entre ma vie et la sienne », souffle-t-elle. Beaucoup de propriétaires se retrouvent un jour dans cette impasse. Et beaucoup se taisent, de peur d’être jugés.
Elle regarde Léo dormir, paisible, après son opération. Et elle se dit qu’elle ne regrette rien. Mais elle sait que demain, les factures reviendront.
👉 Sources :
Solly Azar : https://www.sollyazar.com/actualites/abandon-animaux-les-chiffres-ete-2024
Ascentiel Groupe : https://www.ascentiel-groupe.com/actualites/la-sante-des-animaux-de-compagnie-en-france-enjeux-et-solutions
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