20 minutes. C’est tout ce que vous avez si votre chat ou votre chien s’échappe sur les voies d’une gare SNCF. Passé ce délai, le train repart. Qu’importe que l’animal soit encore en vie. Qu’importe la détresse des maîtres. Qu’importe la loi.
Ce n’est pas une fiction. C’est une directive. Et elle choque. Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis, parle d’un temps “dérisoire” accordé à un être vivant pour espérer survivre.
Mais alors, que se passe-t-il réellement sur les quais quand un animal se glisse sous un train ? Et pourquoi cette limite des 20 minutes crée-t-elle autant de colère ?
Un règlement qui fait bondir
La nouvelle est tombée comme une claque. Selon une note interne relayée par LCI, la SNCF limite désormais à 20 minutes le temps d’arrêt d’un train pour récupérer un animal descendu ou échappé sur les rails. Passé ce délai ? On repart. Le train reprend sa route, animal retrouvé ou non. En clair : priorité au respect des horaires, pas à la vie d’un compagnon à quatre pattes.
“C’est une décision administrative froide”, commente un agent SNCF sous couvert d’anonymat. “Le but est de limiter les retards, qui coûtent cher. Mais sur le terrain, c’est humainement difficile.”
Et la réaction ne s’est pas faite attendre.
« 20 minutes pour survivre, c’est dérisoire »
C’est sur LCI, samedi 17 mai, que Reha Hutin, figure emblématique de la protection animale, a dénoncé cette mesure. “De dire qu’on lui donne 20 minutes pour survivre, c’est presque dérisoire”, a-t-elle déclaré, la voix lourde de reproches.
Mais attention : ce n’est pas qu’une affaire d’émotion. C’est aussi une question de droit.
Selon le code civil français, l’animal est reconnu comme un “être vivant doué de sensibilité”. En quoi alors une telle décision respecte-t-elle cette reconnaissance juridique ? “On ne parle pas d’un objet tombé sur les rails, mais d’un être sensible”, martèle Reha Hutin.
Et vous ? Que feriez-vous si votre animal disparaissait sous un train, et que l’on vous disait : vous avez 20 minutes, pas une de plus ?
Le précédent qui a tout déclenché
Retour en janvier 2023.
La France entière découvre l’histoire tragique d’un chat, Neko, écrasé volontairement par un train en gare de Montparnasse. Malgré les appels à l’aide de ses maîtres et les alertes, le train repart. Neko est pulvérisé sous les roues. Une vidéo circule. Le choc est national.
Cette affaire, relayée massivement par les médias et les réseaux sociaux, avait déjà mis en lumière l’absence de protocole clair pour ces situations. On pensait que les choses changeraient.
Mais aujourd’hui, on découvre une règle… de 20 minutes. Autrement dit : on “fait un effort”, mais pas trop longtemps. Une réponse minimaliste à une problématique bien réelle.
Entre logistique et éthique : un choix assumé ?
Du côté de la SNCF, la justification est simple : on ne peut pas se permettre des retards interminables à cause d’un animal sur les rails. Chaque minute de retard coûte, engendre des remboursements, désorganise le trafic, crée des chaînes de retard sur plusieurs lignes.
Mais doit-on pour autant sacrifier la vie d’un animal pour sauver le timing ?
D’un point de vue purement technique, il est parfois possible de couper le courant, de faire intervenir un agent ou un maître-chien, voire d’attendre que l’animal sorte de lui-même. Et cela ne prend pas toujours plus de 5 minutes. Mais le couperet administratif tombe à 20.
Observez également : ce type de protocole pose la question du poids réel accordé à la vie animale dans nos sociétés modernes. Dans un monde où l’animal est tour à tour compagnon, thérapeute, soutien émotionnel… est-il acceptable de le réduire à un facteur de perturbation ?
Une remise en question nécessaire
Reha Hutin l’espère : “Au-delà des 20 minutes, ils continueront à tenter de sauver l’animal.” Mais le doute plane. Cette règle, désormais actée, pourrait bien normaliser une forme de négligence déguisée en efficacité.
Le risque ? Que l’on traite de moins en moins ces situations avec humanité. Que l’on apprenne aux agents à “faire vite”, pas à “faire bien”.
Et que chaque minute devienne un compte à rebours… pas pour sauver, mais pour expédier.
Et maintenant, que faire ?
Voici quelques pistes pour réagir face à cette réalité :
- Sensibilisez : partagez cette information autour de vous. Beaucoup ignorent encore cette règle.
- Agissez : signez les pétitions en ligne, relayées par 30 Millions d’Amis et d’autres associations.
- Proposez : demandez à la SNCF de mettre en place un protocole clair, respectueux, avec des agents formés à l’intervention douce et rapide.
- Anticipez : si vous voyagez avec un animal, utilisez un sac ou une cage fermée, bien attachée, avec une puce et une médaille.
Astuce bonus : notez toujours le numéro de train et l’heure exacte. En cas d’incident, ces infos seront cruciales pour alerter rapidement.
Un débat qui va bien au-delà d’un chat
Ce n’est pas qu’une affaire de délai. Ce n’est pas qu’un conflit entre retard et rail. C’est un reflet de notre rapport au vivant, à ce que l’on juge digne ou non d’être protégé.
La question reste ouverte : que vaut la vie d’un animal face à la ponctualité ? Et sommes-nous prêts à l’assumer ?
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