Un refuge en détresse : « C’est devenu catastrophique »
Le refuge « Les Amis des Bêtes du Grand Reims » est en crise. Alors que l’année 2025 avait commencé sur un bilan contrasté entre adoptions record et hausse des abandons, la situation a rapidement dégénéré. Désormais, la directrice de la structure, Stéphanie Gobancé, tire la sonnette d’alarme : « C’est devenu catastrophique« . Entre la saturation des infrastructures, l’explosion des abandons et un commerce illégal qui prospère, le refuge est au bord de l’implosion.
Les abandons explosent : un phénomène quotidien et non plus saisonnier
Autrefois, les refuges s’attendaient à des pics d’abandons pendant certaines périodes de l’année : l’été, les fêtes de fin d’année, ou encore les rentrées scolaires. Mais cette tendance a complètement changé. Aujourd’hui, les abandons sont quotidiens.
« Nous recueillons chaque jour des animaux laissés pour compte par des adoptants dépassés par leurs engagements. Certains chiens et chats sont abandonnés quelques semaines seulement après leur adoption«
Un phénomène d’autant plus alarmant que de plus en plus de jeunes animaux sont concernés.
Les chiots, notamment, sont victimes d’un effet de mode : achetés sur un coup de tête, ils sont déposés au refuge entre 10 mois et 2 ans, quand leurs propriétaires réalisent qu’un chien n’est pas un jouet, mais un être vivant avec des besoins.
Et pire encore : 75 % à 80 % des animaux recueillis ne sont ni identifiés, ni stérilisés, ce qui rend leur adoption et leur suivi encore plus compliqués.
Un trafic d’animaux qui alimente la crise des refuges
Un autre problème majeur vient aggraver la situation : le commerce illégal d’animaux.
Selon Stéphanie Gobancé, « Près de 60 % des chiots que nous accueillons proviennent du trafic illégal. Les acheteurs ne se rendent pas compte qu’ils financent un système qui alimente directement les abandons » (selon lunion.fr).
Parmi les chiens les plus concernés, on retrouve les Staffordshire Bull Terriers (« staffs »), une race très demandée mais qui exige une éducation rigoureuse. Malheureusement, de nombreux adoptants se laissent tenter par ces chiens sans réfléchir aux contraintes, et finissent par les abandonner.
Des infrastructures dépassées et une aide indispensable
Face à cette montée en flèche des abandons, le refuge de Reims peine à suivre.
« Nos capacités d’accueil n’avaient pas évolué depuis 15 ans« , explique la directrice. Une situation qui a poussé la structure à solliciter une aide d’urgence.
Heureusement, une lueur d’espoir est apparue avec l’intervention du Grand Reims. En seulement trois semaines, des négociations ont permis la construction de nouveaux chenils, apportant un souffle d’air au refuge.
Mais ce n’est pas suffisant.
« Nous avons besoin d’une prise de conscience collective. Il faut que les gens comprennent que l’adoption est un engagement de long terme, et que les autorités régulent mieux ces ventes clandestines« .
Le rôle crucial des familles d’accueil et de la solidarité entre refuges
En attendant des solutions plus globales, la solidarité s’organise. Plusieurs refuges de la région Grand Est, comme ceux d’Épernay et de Strasbourg, ont accepté d’accueillir certains animaux pour soulager la structure de Reims.
Parallèlement, de plus en plus de familles d’accueil se mobilisent.
« C’est grâce à elles que nous pouvons continuer à fonctionner. Accueillir un animal temporairement permet d’éviter qu’il ne dépérisse en box et de lui offrir un meilleur cadre avant son adoption définitive« .
Devrait vous intéresser : L’importance de l’adoption responsable d’animaux : Une initiative de la SPA
Un phénomène de consommation qui doit être endigué
Au-delà des abandons et du trafic illégal, le refuge pointe du doigt un problème de société plus profond : la consommation excessive d’animaux comme des objets de mode.
« Le Salon du Chiot, par exemple, ne fait qu’accentuer cette tendance », dénonce Stéphanie Gobancé. « Les visiteurs achètent sur un coup de tête sans mesurer l’ampleur de l’engagement ». Une anecdote illustre bien cette réalité :
« Une dame nous a appelés un lundi matin pour nous demander de reprendre son chien acheté la veille dans ce salon. Malheureusement, elle avait signé une décharge l’empêchant de se rétracter« .
Face à ces pratiques, certaines villes ont déjà interdit ce type d’événement. Une réglementation plus stricte pourrait être une solution efficace pour endiguer ce phénomène.
Devrait vous intéresser : Les Français veulent en finir avec la vente en ligne d’animaux : un ras-le-bol qui change tout !
Conclusion : une mobilisation indispensable
Le refuge de Reims n’est qu’un exemple parmi tant d’autres en France. Les abandons explosent, le commerce illégal prospère, et les structures d’accueil sont à bout de souffle. Pourtant, des solutions existent.
Une mobilisation des pouvoirs publics est nécessaire pour réguler la vente d’animaux et sensibiliser à l’adoption responsable. Les citoyens, eux aussi, ont un rôle à jouer : en adoptant de manière réfléchie, en soutenant les refuges et en luttant contre les marchés clandestins.
Chaque adoption responsable est une victoire. Chaque sensibilisation est un pas vers un avenir où les animaux ne seront plus des victimes d’un système de consommation irresponsable.
Contact du refuge de Reims :
- Téléphone : 03 26 08 51 84
- Email : [email protected]
- Adresse : 18 Route de Dormans, Ormes.